Le titre aurait pu être aussi je veux je veux je veux, mais je veuuuuuuuuuuux !! Et ces quelques mots sont suffisamment évocateurs de la zone de turbulence traversée par ici.
Ou peut être pas d’ailleurs, parce que c’est selon moi tellement plus complexe que cela. D’aucun de la vieille école dirait que le caprice est devenu maître, moi si je suis décontenancée face aux émotions de ma grande puce je sais que nous parlons d’émotions intenses et « douloureuses » pour elle qui la pousse dans des comportements qui nous semblent nous adultes inappropriés, alors qu’ils ne sont que l’expression de ce bouillonnement qui l’anime et dont elle apprend petit à petit à faire avec !
Le grand paradoxe parental, entre désir ardent de faire leur bonheur avec option si je pouvais lui éviter toute souffrance quelle qu’elle soit ce serait encore mieux, et conscience de l’utopie de la chose… Entre devoir apprendre à l’enfant les règles à respecter, les limites, les ça ne se fait pas, ceux de la société et des lois, et ceux qui nous sont propres car nous avons chacun nos conceptions des choses et de la vie. Et toutes les questions que cela pose, il y a tellement d’adultes que l’on côtoie qui ne semblent même pas avoir ne serait-ce qu’entendu parler de règles de politesse, de courtoisie et tellement d’autres choses bien plus graves…
Le grand paradoxe parental quand lorsque nous nous indignons devant nos enfants qui s’individualisent et s’affirment dans leur propre identité (non pas que je tombe des nues et c’est une très bonne chose mais voilà qui est bouleversant pour moi je le réalise, ce petit être que nous chérissons depuis le premier regard devient une personne pleine et entière, pour le dire autrement il faut que je me le dise, se détache de nous petit à petit…et merde ça fait « mal »), ces enfants qui sont capables de nous mettre en rogne à dire NON à presque tout ce qui nous complique la vie… alors que NOUS passons notre temps à leur dire NON ! Tout est dit, pourquoi pourrions nous dire non à tout bout de champ, leur faisant mal au « j’ai envie, très envie » (bonjour frustration mon adorée), et eux ne le pourrait pas ?
Et oui, je n’ai de cesse de me dire que nous voulons imposer notre façon de voir, notre façon de faire, nous voulons qu’ils soient comme ci ou comme ça, etc… Mais voilà ils sont EUX et pas NOUS ! Pire, nous voulons qu’ils nous OBEISSENT ! Et là mon sang ne fait qu’un tour, je ne peux pas m’y résoudre, ils nous doivent obéissance, se soumettre à notre bon vouloir sans broncher ?! Serions- nous des maîtres tout puissant et eux nos serviteurs ?
Alors j’entends déjà mon mari dire, alors quoi on laisse tout faire sans rien dire? Non mon amour je ne suis pas une laxiste qui laisserait faire ce qu’il veut à mon enfant roi, ce n’est pas du tout ma conception des choses, mais mes tripes à moi, elles ressentent que la bienveillance et la bientraitance doivent être nos guides et pas le concept selon lequel nos enfants doivent être bien élevés quoi qu’il en coûte à coup de punitions en tout genre, de mots durs, de cris pour asseoir notre pouvoir sur eux (voire pire…).
Evidemment il y a des règles, évidemment il n’est pas question d’accepter l’inacceptable, et la recette pour trouver l’équilibre entre leur apprendre les choses et les accompagner dans leur ressenti sans heurt n’existe sans doute pas… Et chacun se place là où il veut, là où il peut… Réagir sainement, calmement quand nos nerfs sont au bord de l’explosion, voilà un défi énorme !
Dans cette période un peu complexe j’ai pris le petit bouquin que j’ai acheté aux rencontres 2012 des VI, un livre déjà évoqué plusieurs fois « Poser des limites à son enfant et le respecter ».
Il y a un petit chapitre qui s’intitule « Je veux tout, tout, tout ! »
« Et tout de suite ! C’est une des caractéristiques de l’enfant, il a une volonté puissante et il sait très bien ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Il est très sensible et sa qualité principale est de savoir immédiatement « évacuer sa colère, sa rage, son indignation, son chagrin, en toutes situation.
Il ne se sent pas inhibé comme nous pouvons l’être et il est capable de piquer une crise salvatrice au beau milieu d’un supermarché bondé, vous laissant entre la gêne, l’agacement, la perplexité..
Il voudrait tout ! Tout est si attirant ! Et quelle tristesse de ne pas pouvoir tout faire, tout vivre, tout acheter ! Votre enfant à tout à fait le droit de vouloir et vous avez aussi le droit de dire non à ses demandes.
Le non est une chose complexe et l’auteure évoque notre positionnement face à ce non, comment on se sent à dire non, à recevoir un non, dire non n’est pas toujours chose facile dans nos relations aux autres et plus encore..
« Le problème avec le refus, c’est qu’il a très souvent été vécu durant notre enfance, comme un rejet de notre personne entière, parce qu’il était très souvent accompagné de jugements, d’évaluations et de justifications culpabilisantes. Il générait beaucoup de colère, qui n’était pas acceptée par nos parents : il nous fallait simplement nous taire et ne manifester aucune émotion face aux refus réitérés des adultes. D’autant qu’en tant qu’enfants, nous n’avions pas ce droit. Aussi fallait-il le plus souvent être d’accord pour correspondre à ce que nos parents attendaient de nous. Alors, comment refuser à nos petits sans trop d’états d’âme ?
Eviter l’abus du non, trouver d’autres formulations, mais ne pas hésiter à formuler les refus sans culpabilité, et surtout accueillir les émotions qu’ils génèrent en accompagnant son enfant qui est sensible et vit quelque chose de bien désagréable lui aussi ! L’auteure livre quelques astuces et nous invitent à faire des expériences, à tenter de comprendre les réactions de nos tout petits et agir en les respectant.
Le chapitre suivant « Vous êtes dans une impasse » est la suite logique… « Cela va vous arriver, vous aurez le sentiment de vivre une situation complètement bloquée. Votre enfant ne veut pas accomplir ce que vous lui demandez respectueusement. Il est résistant à toutes les suggestions que vous venez de lire, il est dans le refus, le rejet, la colère. Il arrive même qu’il ait simplement envie de s’isoler, de vous fuir… »
Et là de nous proposer le jeu, l’attention concentrée, une sortie défoulement, passer par le dessin pour exprimer les choses, écouter de la musique et danser ensemble etc… Tout ce qui pourra désamorcer une situation qui parfois ne demande qu’une porte de sortie.
Dans toute cette lutte, en tout cas ce qui semble être une lutte permanente, il y a un risque assez effrayant pour nous parents, « vous vous sentez devenir dangereux pour vos enfants ». « Nous luttons souvent contre nous-mêmes pour ne pas faire de mal à nos enfants. Nous sommes engagés sur une voie complexe. Nous allons leur donner consciemment et volontairement ce que nous n’avons pas reçu. »
« Votre colère peut surgir au moment où vous y attendez le moins. Vous êtes parent et la tâche à laquelle vous vous attelez chaque jour est immense, et vous avez en regard bien peu de soutien pour l’accomplir. Vous allez bien souvent vous retrouver très fatigué, sans possibilité d’être relayé. Ce sont dans les moments de fatigue que les vieilles solutions sont adoptées sans réflexion aucune. Elles sont comme des enregistrements qui se rejouent et contre lesquels vous aurez l’impression d’être impuissant. Bien des adultes avec lesquels je travaille décrivent leur stupeur, lorsqu’ils s’entendent et se voient être violents avec leurs enfants, sans pour autant savoir mettre un terme à la situation. »
La stupeur, oui la culpabilité aussi beaucoup, se détester de réagir comme ça, d’en arriver là, à cette réaction violente (des cris, des mots durs et/ou maladroits suffisent…) parce que nous sommes submergés, oui nous aussi les parents, par nos émotions et tout ce qui s’y raccroche probablement dans notre propre vécu.
Voilà ce que l’auteure suggère :
« […] nous nous sentons démunis en tant que parents ayant subi de la violence de la part de nos propres parents. Nous ne savons tout simplement pas faire autrement que ce que nous connaissons bien : empêcher les actions de se produire en faisant peur à nos enfants, en les frappant ou en les sanctionnant, en les manipulant à l’aide de punitions et de récompenses, en leur faisant des reproches, en élaborant un terrible chantage. »
« Un être humain en bas âge est tout prêt à réagir à l’injustice, s’il n’a pas été écrasé par son entourage. Les enfants s’attendent à vivre des vies passionnantes avec des adultes émotionnellement présents et vivants. Le monde que nous leur offrons est quelquefois bien terne. Nos enfants ne l’acceptent pas, ils sont exigeants et nous poussent à recouvrer notre joie, notre énergie. Ils sont persévérants et, si vous êtes à l’écoute, si vous les suivez de temps à autre dans leur jeu, ils vous montreront à quel point le fait de prendre du plaisir à vivre est essentiel. »
Je vous livre en brut ces passages, je crois qu’ils amènent à avoir des réflexions sur nos réactions, nos comportements, nos rapports à nos enfants…
Vous voudrez bien me pardonner ce bien trop long article, et je vais en rajouter une couche en vous retranscrivant intégralement le dernier petit chapitre. Il me tient à cœur, c’est épidermique chez moi et pardon à mon mari qui pense que je trouve qu’il s’y prend mal (absolument pas j’en profite pour lui redire puisqu’il lira ces mots !) à qui je fais souvent la réflexion lorsqu’il reproche à notre enfant de ne pas obéir, c’est plus fort que moi qu’on me parle de respect et je dirai oui nos enfants nous doivent respect autant qu’on le leur doit, mais je déteste l’idée même que nos enfants nous devraient obéissance…
« Abandonner le mythe de l’obéissance »
Vous serez quelquefois dérouté et confus en rencontrant sur votre route des petites personnes obéissantes et « bien élevées », des enfants si « sages » qui correspondent aux désirs de leurs parents et à votre propre idéal. Vous serez alors envahi par le doute en apprenant que ses enfants sont punis, voire battus. Ils sont probablement culpabilisés et se trouvent sur des rails. Ils sont soumis aux adultes et à l’autorité, parfois d’une manière définitive. Ou, peut être, seront-ils des rebelles en colère toute leur vie. Ce que je vais vous dire va peut-être vous surprendre, mais il est fort possible qu’un enfant réagisse vite à un coup ou à une punition et qu’il fasse ce que l’on attend de lui uniquement par peur. Cela a des apparences d’efficacité.
Je me rappelle avoir entendu Jacqueline Cornet dire que n’importe qui peut donner une fessée, c’est le degré zéro de la compétence. Je crois malheureusement que la plupart du temps ces fessées sont données sous le coup de la colère et ont une forme d’efficacité immédiate. Il est dans notre culture et depuis fort longtemps l’enfant obéissant, celui qui s’exécute sous la menace de ses parents. Dans les années 50, 300 000 martinets par an étaient fabriqués. Aujourd’hui, si le martinet est devenu désuet, nous attendons toujours des réponses immédiates, et nous avons parfois bien du mal à nous défaire de cette exigence.
Notre enfant n’est pas une marionnette faite pour répondre présent aux personnes qu’il aime le plus au monde, en lesquelles il a le plus confiance : ses parents. C’est une personne sensible qui vit comme nous des deuils, des déceptions, qui a des désirs, des besoins et qui, caractéristique de ses premières années, s’attend au meilleur dans la vie. Notre enfant va toute son existence apprendre à vivre dans le monde des humains. Si nous le respectons, il n’obéira pas aveuglément à des ordres, mais sera capable de comprendre les personnes et de choisir de faire ou non ce qu’on lui demande. Notre rôle de parents est bien heureusement devenu complexe. Il nous faut réfléchir à une autre manière de communiquer avec nos enfants, nous former, prendre des informations et des encouragements au sein de groupes, de travailler sur nous. C’est le projet d’une vie, mais il en vaut la peine. Il y a un monde meilleur au bout de cette route !
La situation est grave..mais pas désespérée! A nous de jouer?